Prix Madeleine Zepter 2010

La littérature pétille au Fouquet’s

Le Prix Madeleine Zepter vient de couronner Simonetta Greggio pour son livre Dolce Vita,1959-1979 ( Stock). Une consécration méritée, couronnant autant le talent d’une écrivaine italienne qui écrit le français avec grâce, qu’un livre qui met en scène avec brio le crépuscule des années 60 en Italie…

 

Le Fouquet’s, un soir enneigé. Nous sommes ici réunis, dans cette institution bien parisienne pour honorer les lettres européennes, dans le cadre du Prix Zepter. Un Prix qui porte le nom de sa fondatrice, Madeleine Zepter, grande mécène serbe contribuant par ses nombreuses actions culturelles au rayonnement des Arts et Lettres. Ce Prix créé il y a 8 ans distingue chaque année l’auteur d’un roman européen écrit ou traduit en français.

 Un jury séduit par la Dolce Vita

Quelques stars, comme Yves Simon (accompagné de sa dulcinée), Frédéric Beigbeder (fraîchement arrivé de Russie), Michel Déon (ayant troqué son taxi irlandais pour les véhicules parisiens), Franz Olivier Giesbert (apparition tardive de post-bouclage ), sans oublier Denis Tillinac, Eric Neuhoff, ou encore Patrick Poivre d’Arvor (parti tôt pour un abordage en d’autres lieux). Tous sont venus soutenir la lauréate, Simonetta Greggio, dont le livre, Dolce Vita, 1959-1979 vient de faire l’objet d’un vote quasi unanime. Pour une fois, l’union européenne s’est reconstituée sur la fraternité des lettres. Il n’y a pas que la musique qui adoucisse les mœurs.

Denis Tillinac, le président du jury, rappelle que ce Prix consacre la dignité de Paris comme capitale littéraire. Il souligne aussi que la lauréate italienne, qui vit depuis plus de 10 ans dans la capitale gauloise écrit en français et incarne à elle-seule le symbole de l’hommage aux lettres franco-européennes.

[image:3,g,m]Le sourire et les larmes mêlés de Simonetta Greggio effleurent de quelques remerciements la joie de sa consécration. Il est annoncé, que sur proposition de l’auteur,  un prix complémentaire est attribué, non pas au traducteur puisqu’il n’y en a pas eu besoin, mais à Nicoletta Pacetti, la documentaliste qui a réalisé un remarquable travail  de références. Chacun applaudit avec la sensation d’une reconnaissance bien méritée, tant pour le livre, que la générosité de ce geste à l’élégance rare.

Les confidences de Simonetta Greggio

Simonetta Greggio nous confie qu’elle a mêlé dans ce livre ses deux vies de journaliste et de romancière :  « je voulais faire revivre ces années mythiques de l’Italie que j’ai connues enfant. Faire revivre les géants de la Cineccita, tels Fellini, Visconti ou Comencini. Cette époque fut une sorte de deuxième Renaissance Italienne. Je voulais aussi en saisir le souffre et comprendre ce qui nous a menés à l’Italie d’aujourd’hui ».

Nicoletta Pacetti nous en explique sa méthode particulière qui lui a permis de rassembler des centaines de documents :: «  Mon rôle était de tisser la toile de fond des années 60 et 70 en Italie en rassemblant le maximum d’informations issues d’articles, de films, d’interviews, de livres… Mais ce qui a peut-être été original dans notre démarche c’est que nous nous sommes autant intéressées aux petits détails (quel parfum les femmes portaient-elles en telle année?, quelle était le couleur à la mode à l’été 1965?..), qu’aux événements comme : qui étaient les créateurs?, quels étaient les événements politiques? etc.. C’est ce qui a permis je crois à Simonetta de travailler à une reconstitution à l’identique».

Paroles et petits fours

Quelques avis fusent, louanges et enthousiasmes rivalisent. Simonetta est aux anges, quelques flash crépitent. Les langues se délient.

Denis Tillinac, en président du jury insiste sur le fait que « ce livre est un miel littéraire délectable qui tout en retraçant 20 ans de l’histoire de l’Italie en explique les 30 suivantes.

Patrick Besson  est particulièrement sensible à «  la finesse et la grâce du style. C’est aussi un travail remarquable de reconstitution.  Un exercice qui mêle l’histoire et le roman. Homère ou Tolstoï ont été les maîtres du genre, rien de nouveau, donc, mais un genre éternellement délectable. ».

Michel Déon ne peut s’empêcher de remonter le temps : «  Pour moi ce livre est d’autant plus émouvant que c’est une époque que j’ai bien connue. Je salue aussi la performance d’écrire un français aussi pur alors que ce n’est pas la langue maternelle de l’auteur. Certainement, une mise à distance nécessaire pour mieux raconter l’histoire de son pays, mais aussi une grande leçon et un encouragement à la défense de notre langue ».

Franz-Olivier Giesbert , reconnaît avoir été personnellement très touché par le livre, « peut-être parce qu’il commence avec ces images cinématographiques mythiques qui nous emportent tout de suite dans le récit. Il y a une vraie virtuosité à mêler histoire récente et le roman. Ce prix a réparé une injustice, car le livre n’avait pas encore été primé, alors qu’il le méritait grandement. C’est chose faite et j’en suis heureux. ».

Eric Neuhoff, avec son éternel sourire en coin, ne boude pas son plaisir : « Lorsque j’ai lu la moitié du livre, je me suis dit que c’était tellement bien, que cela faisait longtemps que je n’avais éprouvé une telle jubilation de lecteur Il s’agit d’un vrai roman de journaliste. On commence avec la projection de La Dolce Vita de Fellini et on termine avec l’assassinat d’Aldo Moro, de la pellicule à l’hémoglobine, tout est dit, tout est fluide ».[image:7,g,s]

Yves Simon, ami de Simonetta, ne mâche pas ses mots «  Dolce Vita est un livre remarquable, écrit avec une magnifique élégance de la langue française. J’ai d’abord été touché par cette langue de styliste. Et bien sûr c’est une histoire qui nous permet de comprendre l’Italie des années 60 jusqu’à celle d’aujourd’hui. Un livre aussi instructif, que divertissant, nostalgique, que poétique.. »

Frédéric Beigbeder  se sent très porté par le souvenir de Lampedusa : «  Dolce Vita, c’est un peu le Guépard version 2010.  On remplace la décadence de l’aristocratie par celle de la riche bourgeoisie des années 60.On remplace la guerre par le  terrorisme avec les Brigades Rouges. Il y a cette même force, cette ambivalence. ».

Jean-Marc Roberts, l’éditeur qui jubile « d’avoir été reconnu après avoir cru », nous raconte : « Avant d’être primé le livre a bénéficié d’un grand bouche à oreille et remporte déjà un grand succès. C’est une consécration de plus que d’obtenir celle d’un prix littéraire, qui plus est européen. Je me suis engagé fortement sur ce livre qui a nécessité deux ans de travail. Il y a quelque chose de très fascinant dans ces années qu’on a cru pleines de vie et qui ont été porteuses de leur propre décadence". La décadence et la fascination sont les meilleurs ingrédients de la littérature...

Bons mots, souvenirs et nostalgie, une douce liesse envahit les ors du Fouquet’s. L’assemblée légèrement enivrée par le champagne pétille des lumières qui scintillent sur les Champs Elysées. Peu à peu les convives repartent dans la nuit de Décembre.Ce soir-là, Paris honora les fastes d’une certaine Dolce Vita et la vivacité de l’Europe des lettres. 

En savoir plus

Simonetta Greggio, Dolce Vita,1959-1979 ( Stock).

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