"Le livre des Baltimore"

Il est comment le dernier Joël Dicker ?

 « Le Livre des Baltimore » (De Fallois), le nouveau livre de Joël Dicker vient de paraître. Trois ans après le succès fulgurant et planétaire de « La vérité sur l’affaire Harry Québert » (De Fallois- L’Age d’homme), ce nouvel opus ne décevra pas les fans de l’auteur suisse aux allures de jeune premier. Lecture addictive garantie.

Comme les vraies stars, Joël Dicker avait soigneusement préparé son retour sur la scène littéraire.  « Le Livre des Baltimore » (De Fallois) a fait son apparition le 29 septembre sur les étals des libraires, avec un premier tirage dont il se murmure qu’il dépasse les 200 000 exemplaires. Trois ans après le succès fulgurant et planétaire de « La vérité sur l’affaire Harry Québert » (De Fallois- L’Age d’homme)- plus d’un million et demi d’exemplaires vendus pour la version originale, autant pour les traductions-,  les fans guettaient avec fièvre le nouveau livre de leur idole. Quant à ses détracteurs, ils n’en pouvaient plus d’attendre de voir si l’auteur suisse aux allures de jeune premier allait se dégonfler comme une montgolfière montée trop haut. Quel est notre verdict ?

Le livre des Baltimore ne décevra pas les fans de Joël Dicker

Ce Baltimore ne décevra pas les premiers et ne convertira pas les seconds. Joël Dicker qui à 30 ans affiche un sourire toujours aussi affable applique la même recette que dans Québert : un écrivain à états d’âme, Marcus Goldman, une histoire à tiroirs,  les non-dits, la recherche du passé, les poids familiaux, les invraisemblances du « plus réel que le réel », et encore et toujours la côte Est américaine... Une géographie qui inspire décidément beaucoup l’écrivain suisse. Ceui-ci reconnaît y apprécier les immenses espaces et l’amnésie relative que les frontières naturelles confèrent à ceux qui les traversent.

Page- turner ou page- runner ?

Dans Baltimore, on pourrait presque se croire dans le nouvel épisode d’une série télévisée : décors, situations et personnages récurrents. Sauf que nous lisons un livre.  Et que cette capacité qu’a l’auteur de nous donner l’impression de faire partie de l’histoire est saisissante.
Par je ne sais quelle magie, une fois le livre commencé, on ne peut plus le lâcher. Les américains appellent cela un « page-turner ». On pourrait presque dire « page-runner », tant le lecteur fait défiler les pages à grande vitesse pour connaître l’évolution du récit. Ce n’est pas non plus à proprement parler un thriller, car les histoires de morts sont plutôt un prétexte à une interrogation sur la vie. Ceux qui ont adoré Québert aimeront donc Baltimore : ils seront pris par cette même impression de familiarité dans un récit peu vraisemblable qui semble pourtant tellement réel. Ils aimeront que leur écrivain préféré se laisse aller à la recherche de son histoire familiale et dénoue le fil de ses transmissions. Que le Drame – expliqué par Joël Dicker comme étant le symbole du Destin- ait l’air d’être dévoilé dès le début du livre, alors que la vérité sur cette histoire-là ne sera comprise qu’à la fin. Que les destins qui se croisent, se brisent et se transforment rappellent les versatilités de la vie, la fragilité des conquêtes. Que même au XXème siècle, dans la banlieue de Baltimore, « La roche tarpéienne est proche du Capitole »…

« On a tous en nous quelque chose de Joël Dicker » ?

Le talent de Joël Dicker réside dans cette universalité simple, la résonance que les personnages induisent chez les lecteurs. Chacun retrouvera tel ou telle de ses connaissances parmi les protagonistes alors qu’aucun d’entre eux n’a jamais existé. Chacun se sentira concerné par cette recherche d’une histoire familiale, alors qu'elle est imaginaire. Efficace, ce Baltimore l’est presque autant que Québert. Un peu plus émouvant aussi, l’un étant compensé par l’autre.

Le combat du récit et du style

Trop efficace ? Certains intellectuels reprochent à Joël Dicker d’écrire des histoires qui ne « font pas de la littérature ». On comprendra que les amoureux de l’antiroman qui cherchent  l’invention du langage au détriment du divertissement se sentiront frustrés par un récit qui ne revendique aucune prétention analytique. En revanche, ceux qui aiment les livres qui se dévorent salueront le talent de celui qui sait construire un monde en soi avec ce qui semble être une économie de moyens. Comme dans les grandes villes suisses marquées par le calvinisme qui réprouvent les effets ostentatoires et cachent derrière leurs façades neutres des trésors de collectionneurs, Joël Dicker privilégie des constructions en puzzle qui n’impressionnent pas par leur facture première, mais qui composent un filet invisible qui piège celui qui s’y plonge. Le jeune écrivain dont le père est professeur de lettres et la mère libraire a écrit les livres dont rêvait sa mère, pas ceux que son père étudiait. Deux postures différentes : analyse ou plaisir. Nous n‘avons pas boudé le nôtre et recommandons à tous cet aller simple pour Baltimore, à dévorer lors d’un long week-end d’automne pluvieux. Voyage et dégustation garantis.

>Joël Dicker, Le livre des Baltimore, De Fallois, 476 p

En savoir plus

>Voir une vidéo dans laquelle Joël Dicker parle de "Le livre des Baltimore"

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