Publication de nouvelles inédites

Francis Scott Fitzgerald, la nostalgie est immortelle

Auteur incontournable de la littérature américaine, Francis Scott Fitzgerald occupe une place notable dans le monde littéraire. Si son talent n'a pas été totalement reconnu lors de son vivant, il fait partie aujourd'hui de ces écrivains dont la gloire posthume a été plus qu'éclatante. La qualité de son écriture et son style si singulier l'ont porté auprès des plus grands de la littérature. Des nouvelles inédites ont récemment été retrouvées et publiées chez Fayard. Voilà de quoi s'arrêter sur le parcours de l'auteur américain.

Francis Scott Fitzgerald est né le 24 septembre 1896 dans une famille de la petite bourgeoisie de Saint Paul, capitale du Minnesota. Il entre dans la célèbre université de Princeton en 1913. Frustré de ne pas pouvoir intégrer l'équipe de football de l'université, il se consacre à l'écriture de comédies musicales et aux journaux de l'université. À l'époque, c'est l'armée qui est la plus à même de réaliser ses rêves de gloire. Il s'y engage en 1917, à l'entrée en guerre des États-Unis lors de la Première Guerre mondiale et, en juin 1918, est envoyé à Camp Sheridan, près de Montgomery, en tant que sous-lieutenant. C’est là-bas qu’aura lieu sa rencontre avec la belle et excentrique Zelda Sayre, qui sera un véritable tournant dans sa vie. En 1920 ses efforts sont récompensés avec l'immense succès de L'Envers du Paradis, écrit pour conquérir la jeune femme. Comme nombreux de leurs amis, tel qu’Ernest Hemingway, le jeune couple part s'installer à Paris. Ces années sur Paris et sur la Côte d’Azur se résumeront par l’alcool et l’argent facile. Avec sa femme, il s'installe ensuite au Cap d'Antibes, ou elle accouche d’une petite  fille. Cependant les retours de cette vie avec excès se font sentir. L'état de santé mentale de Zelda se détériore et F. Scot Fitzgerald devient de plus en plus invivable. Fitzgerald achève son œuvre majeure Gatsby le magnifique en 1925. Malgré les bonnes critiques, les ventes ne décollent pas. Les adaptations cinématographiques lui permettront tout de même de continuer à vivre facilement. Lors de la Grande Dépression de 1929, le couple vit sur la Côte d'Azur. Fitzgerald boit de plus en plus et Zelda finit par être internée en Suisse. De retour aux États-Unis, Fitzgerald écrit "Tendre est la nuit" qui ne trouve pas son public. Inspiré de ses années sur la Côte d'Azur, et de la schizophrénie de Zelda l’oeuvre mêle adroitement le clinquant à l'intime et est aujourd’hui considérée comme le chef-d'œuvre de Francis Scott Fitzgerald. Puisque son activité d’écrivain ne rapporte plus assez Firtzgerald se lance dans l’écriture de scénario pour Hollywood. En 1939, il se remet à l’écriture de roman avec Le Dernier Nabab. Malheureusement son alcoolisme le rattrape avant qu’il n’achève l’oeuvre. Il meurt d'un arrêt cardiaque le 21 décembre 1940. Zelda, meurt quelques années plus tard dans l'incendie qui ravage le sanatorium d'Asheville, où elle est internée. F. Scott Fitzgerald fait partie de ses piliers de la littérature américaine bien qu’il fut l’incarnation du talent gâché et incompris. Son œuvre repose majoritairement sur le lien qui l’unissait à sa femme, de l'amour rêvé chez Gatsby le magnifique à la décadence du couple dans Tendre est la nuit.

Des nouvelles inédites : Je me tuerais pour vous, et autres nouvelles inédites

Francis Scott Fitzgerald fut un nouvelliste hors pair. Les revues littéraires américaines s’arrachaient ses textes quand l’auteur emblématique des années folles était au faîte de sa gloire. Dix-huit textes inédits viennent d’être retrouvés : seize nouvelles et deux esquisses de scénario destinées à Hollywood qui apparaissent aujourd’hui comme un approfondissement de son œuvre. Les rêves de gloire ou de succès, la solitude des gens simples ou célèbres dans un monde en crise, le milieu du cinéma et ses mœurs, mais aussi la maladie et la folie sont quelques-uns des thèmes qui traversent le présent recueil. La publication de ces nouvelles inédites du mythique romancier américain constitue un événement littéraire mondial.

Pourquoi on aime ? Seize nouvelles jamais publiés ont récemment été retrouvés dans les archives de F. Scott Fitzgerald. Comme la plus part de ses productions ces nouvelles témoignent une fois de plus du style particulier de l’auteur. Humour piquant, cynisme, ironie cruelle, grande mélancolie tous ces thèmes sont au rendez-vous dans cette nouvelle découverte. Certains sujets abordés par l’auteur américain sont assez polémiques ; relations avant le mariage, divorce, suicide, de quoi ne pas plaire au plus grand nombre. Très ancrés dans l’actualité de son époque et sa vie personnelle ces personnages subissent la crise économique de 1929, des troubles mentaux ou des dilemmes moraux. Avec, en arrière-plan, comme à son habitude, l'amour. Certaines nouvelles sont meilleures que d'autres, au titre desquelles « Je me tuerais pour vous », « Salut à Lucy et Elsie » et « La perle et la fourrure ». Francis Scott Fitzgerald est un de ces conteurs d'histoires qui a sublimé l'art de la nouvelle.

Un contexte particulier

Ecrites pour la plus part, dans les années 30 ces nouvelles témoignent d’une période difficile pour F. Scott Fitzgerald. Sa femme Zelda est internée dans des centres couteux et ses romans ne remportent pas le succès qu’il espérait. Afin de continuer à vivre dignement l’auteur travaille pour Hollywood et doit corriger et améliorer certains scénarios. Si ce métier lui rapporte un peu d’argent il ne le déteste pas moins, et préfère tout de même proposer ses nouvelles à des magazines tels le Saturday Evening Post ou Esquire, qui se vendent très bien. C’est notamment pour cette raison qu’il en a écrit environ 160 durant sa vie. Cependant il dira à son agent Harold Ober en mai 1936 : « Autrefois, j’écrivais pour moi-même, aujourd’hui, j’écris pour des éditeurs de magazines parce que je n’ai jamais le temps de penser à ce que j’aimerais vraiment faire, ni celui de trouver quelque chose qui me plaise. Je suis un peu dans la situation d’un homme qui tire de l’eau goutte à goutte parce qu’il a trop soif pour attendre que le puits se remplisse. »

 

Les oeuvres incontournables de F. Scott Fitzgerald

 

L’étrange histoire de Benjamin Button, 1921

Jamais Roger Button n'aurait pensé que la seule évocation de son nom puisse, un jour, faire trembler d'effroi un hôpital voire une ville tout entière… Et pourtant… En ce matin de septembre 1860 M. Button, n'en croit pas ses yeux. En pleine maternité, se dresse dans le berceau de son nouveau-né tant attendu, un homme de 70 ans à la barbe vénérable ! Et il s'agit bien de son fils ! Après cette entrée en fanfare dans la vie, Benjamin Button ne pouvait mener une existence comme les autres : né vieillard, il va vieillir jeune, à rebours des autres, de la nature, des ans. Il va voir ses parents se voûter, s'éteindre, sa jeune femme s'empâter et décliner tandis qu'il va retrouver peu à peu santé, vigueur, s'illustrer brillamment à la guerre, courir les fêtes et les mondanités… Bien que F. Scott Fitzgerald n’eut le temps d’écrire que quatre romans dans sa vie, de nombreuses nouvelles ont pris place parmi ses œuvres mythiques, et L’étrange histoire de Benjamin Button en fait partie. Comme la plus part des œuvres de F. Scott Fitzgerald cette dernière évoque une histoire d’amour. Cependant le caractère particulier de cette dernière est l’évolution physique de Benjamin Button. Derrière cette idée originale se cache aussi des réflexions sur la nature humaine et le fondement de toute société. Pour ceux qui aurait déjà vu le film, le livre est très diffèrent. Ici le récit est davantage poétique, réaliste, voir même humoristique parfois et ne rejoint l’histoire du film que sur le principe du rajeunissement du personnage. Le seul reproche à cette première œuvre de l’auteur ? Quelle soit trop courte.

Extrait : Le bruit avait couru qu'un fou avait réussi l'examen d'entrée à Yale et essayait de se faire passer pour un jeune de dix-huit ans. L'université était en effervescence. Des étudiants sortaient de leur salle de cours en courant, les joueurs de football cessaient de s'entraîner pour se joindre à la foule, les femmes des professeurs, la coiffure en désordre et la tournure de travers, poursuivaient, en braillant, la meute des agités, d'où fusait une bordée de lazzis destinés à blesser la sensibilité de Benjamin Button.

Gatsby le magnifique, 1925

Nous sommes au lendemain de la Grande Guerre, le mal du siècle envahit les âmes, c'est l'époque de la Prohibition et des fortunes rapides. En 1922, Jay Gatz, désormais Gatsby, se retrouve fabuleusement riche. Personnage mystérieux installé à Long Island dans une somptueuse propriété, mille légendes courent sur son compte. Elles n'empêchent pas les gens chics, et moins chics, de venir en troupe boire ses cocktails et danser sur ses pelouses. Gatsby le Magnifique joue la carte de l'éblouissement et des folles dépenses comme un appât pour ramener à lui Daisy, mariée à Tom Buchaman, un millionnaire qui, à la différence de Gatsby, n'a pas gagné sa fortune, mais en a hérité. Avec cette œuvre F. Scott Fitzgerald plonge ses lecteurs au cœur d’une fête arrosé de champagne et de paillettes qui ne s’interrompt jamais. Cependant si la fête est partout, le fil rouge du roman reste l’amour. Qu’il soit partagé, inaccessible ou mensonger, il résonne ici dans chacun des personnages. Si de nombreuses critiques voyaient ce livre avec un aspect d’ « amours bourgeois et problèmes de riches », il fallait au contraire y voir une approche psychologique profonde des hommes et des femmes pendant les Années Folles. Malgré la finesse et la sobriété de l’analyse que nous offre l’auteur, de cette œuvre ressort un témoignage réaliste et cru de la mentalité des Blancs américains durant cette période. Si Gatsby le magnifique illustre très bien l’adage: l'argent ne fait pas le bonheur, il ne faut cependant le réduire à cela. Une foule d'autres enseignements sur la nature humaine composent ce livre et va au-delà du seul thème de l'arrivisme.

Extrait : Il a dû sentir qu'il venait de perdre à jamais son ancien monde de lumière, que c'était le prix à payer pour avoir trop longtemps vécu prisonnier d'un seul rêve. Il a dû s'étonner d'apercevoir, entre les feuillages devenus hostiles, un ciel qu'il n'avait jamais vu; trembler de découvrir à quel point la rose était un objet grotesque, à quel point le soleil criard écrasait les jeunes pousses de gazon. Un monde nouveau, concret et pourtant irréel, où de mornes fantômes, ne pouvant respirer qu'à travers leurs songes, dérivaient au hasard - tel ce personnage surnaturel, au visage de cendres, qui glissait vers lui parmi les troncs informes.

Tendre est la nuit, 1934

Tendre est la nuit, largement autobiographique, est l'histoire d'un être fait pour être aimé, trop romantique pour pouvoir résister à son époque, trop tendre, malgré son apparente désinvolture, pour savoir sagement vieillir. C'est plus particulièrement l'histoire de l'amour de Dick et de Nicole, à travers les yeux émerveillés d'une jeune actrice qui ne résiste pas au charme de Dick. Ce couple très uni cache un secret. Nicole a été soignée par Dick, médecin psychiatre. L'amour qu'elle a porté à Dick a fait de leur union une nécessité. Un jour viendra pourtant où ils devront se séparer... Les meilleures œuvres de F. Scott Fitzgerald sont souvent celles qui se vendent le moins (de son vivant). Cette remarque est plus que valable pour Tendre est la nuit. Ce roman s’articule en trois parties. L’œuvre nous plonge au sein d’un couple qui ressemble énormément à celui que formaient l’auteur et sa femme. En nous racontant cette histoire d’amour si complexe, F. Scott dénonce une société qui s'impose un masque pour dissimuler ses souffrances. La construction du roman est également très agréable puisqu’elle est rythmée par différentes parties. Tout d’abord nous découvrons le couple sous les yeux émerveillés de Rosemary, une jeune actrice qui tombe sous le charme de Dick. La deuxième partie du roman nous dévoile le couple de l’intérieur en prenant Dick comme narrateur. Ce roman puissant donne à réfléchir sur la différence entre la vie telle que l'on se la représente et telle qu'elle est réellement.

Extrait : On dit des cicatrices qu'elles se referment, en les comparant plus ou moins aux comportements de la peau. Il ne se passe rien de tel dans la vie affective d'un être humain. Les blessures sont toujours ouvertes. Elles peuvent diminuer, jusqu'à n'être plus qu'une pointe d'épingle. Elles demeurent toujours des blessures. Il faudrait plutôt comparer la trace des souffrances à la perte d'un doigt, ou à celle d'un œil. Peut-être, au cours d'une vie entière, ne vous manqueront-ils vraiment qu'une seule minute. Mais quand cette minute arrive, il n'y a plus aucun recours.

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