"Le Mystère Henri Pick"

David Foenkinos, la comédie littéraire comme critique sociétale

Avec son nouveau livre, Le Mystère Henri Pick, publié chez Gallimard, David Foenkinos s’interroge sur la place que peut avoir la littérature dans notre société. D’un faux best-seller, l’écrivain en a sûrement tiré un vrai. 
>Lire aussi notre article : David Foenkinos intime

Enquête littéraire sur fond Breton

Après Charlotte (Gallimard), qui avait remporté le prix Renaudot en 2014, David Foenkinos se tourne vers la vie sentimentale avec Le Mystère Henri Pick, paru toujours chez Gallimard. Changement de registre et de décor, puisque l’écrivain nous emmène cette fois-ci au fin fond du Finistère, dans la presqu’île de Crozon. Dans cette Bretagne profonde va se tramer toute une enquête littéraire pleine de suspense. Une comédie pétillante auréolée de mystère pour découvrir la vérité sur le manuscrit d’un certain Henri Pick. Est-il vraiment l’auteur de ces pages, lui qui n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses ? 

Inspiré d’une histoire vraie 

L’histoire débute dans une bibliothèque un peu spéciale. Elle accueille tous les livres que personne ne veut publier, les « orphelins de l’édition » en quelque sorte. Une idée qui est apparue à David Foenkinos en lisant L’avortement de Richard Brautigan. La fameuse bibliothèque a même été réellement recrée aux États-Unis. Chez Foenkinos, une jeune éditrice en parcourt les rayonnages délaissés et tombe sur un chef-d’oeuvre, Les Dernières heures d’une histoire d’amour, signé Henri Pick, pizzaïolo, dont la veuve Madeleine ne savait même pas qu’il savait écrire. Mais la bibliothèque est loin d’être la seule chose que David Foenkinos a emprunté à la réalité. 

La fiction au croisement du réel

Tout au long du roman, personnages fictifs et réels se croisent et se rencontrent, pour ajouter au réel du livre. Ainsi, alors que Foenkinos est lui-même publié chez Gallimard, Henri Pick, lui, est publié chez son rival Grasset. Pour en faire la promotion, c’est François Busnel qui fait le voyage jusqu’à Crozon pour interviewer la veuve Madeleine Pick pour son émission « La Grande Librairie ». Finalement, c’est David Foenkinos qui participera à cette même émission la veille de la sortie de son roman. Le succès des Dernières heures d’une histoire d’amour donnera même l’idée à Jack Lang d’instaurer la « Journée des auteurs non publiés ». Les figures médiatiques ne manquent donc pas d’agrémenter la fiction. 

Dénonciation gentille

Mais tous ces faits réels incrustés dans le livre servent aussi de critiques à un monde de l’édition dont David Foenkinos cherche à dénoncer les stratégies. Il emmène le lecteur dans les coulisses du monde littéraire, avec ses stratagèmes et ses machinations. Le faux domine, voilà qu’il faut faire le « buzz » un peu à la manière des télé-réalités. Tout peut-être un best-seller dès lors qu’il est publié par une grande maison d’édition, et que l’histoire derrière le livre sort de l’ordinaire. C’est comme ça qu’Albin Michel va finir par publier un livre avec le bandeau « refusé 32 fois », nouvelle recette du succès. Finalement, on en vient à se demander si la forme ne vas pas finir par primer sur le fond dans un tel monde littéraire. 

Une histoire d’amour

Si le l’univers littéraire se voit très perturbé par la publication du manuscrit d’Henri Pick, les personnages ne sont pas en reste. En plus d’être une enquête littéraire pleine de suspense, le roman de Foenkinos est aussi une histoire d’amour. Autour du succès grandissant d’Henri Pick, les couples se font et se défont. La première a souffrir de la popularité c’est finalement sa veuve, Madeleine. La voilà blessée par la double vie que suppose un tel chef-d’oeuvre, elle qui n’avait aucune idée que son mari écrivait. Comment son mari aurait-il trouvé le temps d’écrire un roman enrichi d’éléments historiques sans qu’elle en soit au courant ? Tant de questions qui rendent Madeleine attachante au lecteur, à l’image des autres personnages du roman. David Foenkinos avoue d’ailleurs s’être attaché à ses protagonistes, et avoir eu du mal à les quitter. 

L’auteur parvient à balader son lecteur avec allégresse et clôt son enquête sur le sentiment que, si nous vivons dans un monde de faux-semblants et de leurres, la littérature fait toujours rêver. Cette fiction est justement la preuve qu’un roman peut toujours bouleverser l’existence de ses lecteurs. 

>David Foenkinos, « Le Mystère Henri Pick » (Gallimard)

En savoir plus

>David Foenkinos parle de son livre dans "La Grande Librairie" : 

>Lisez un extrait du roman : 

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