Bernard Frank en 10 citations

1.Je suis l’honneur des journaux en détresse et le rabat-joie des journaux bien faits.

2. Diderot a lancé une mode durable : la philosophie de café et les beaux quartiers de l’esprit.

3.J’ai l’indifférence méchante, agressive, j’écris parfois comme un roquet aboie.

4.On aime le nouveau roman les yeux fermés, car même si on n’éprouve pas à chaque fois du plaisir à le lire, on sait que c’est important.

5.On empile les Soljenitsyne sans les lire, dans les placards, comme les ménagères mettent en bocaux les fruits et les légumes de leur jardin : à tout hasard, on ne sait jamais, vous avez vu ce qui s’est passé avec le pétrole. Soljenitsyne parmi nous, c’est le poil à bois en faïence blanche qui s’écaille mais que superstitieusement nous n’osons plus jeter.

6.Ces collections de livres d’humeurs qui  fleurissent, ont fleuri et fleuriront dans toutes les maisons d’édition, suscitent en général des livres médiocres, en tout cas fort plats.

7.En dix ans, j’ai écrit deux livres, celui que vous avez déjà lu et celui que vous êtes en train de lire.

8.L’intellectuel de gauche n’admettra jamais d’être bousculé puisque c’est sa spécialité.

9.Dans la mort, la seule chose qui me rassure, c’est qu’elle n’aura pas le moment venu besoin de mon consentement ou de mes services. Comme moi, il lui importe peu que je sois lâche ou courageux devant elle.

10.Si l’écrivain n’est pas dupe ou oublieux de ce qu’il a écrit, c’est qu’un temps aveugle, comme muni d’une sonnerie d’alarme, traverse le monceau de lignes qu’il a entassées. Et cette sonnerie qui retentit, tous les cinq, vingt ans, je ne sais pas, lui fait découvrir comment il aurait du s’y prendre – ce n’était pas difficile – pour que son livre fût autre chose qu’une illusion subjective. Trop tard.